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Géraldine Malet

Géraldine puts her passion for the web, marketing and communication, writing and storytelling at the service of companies and entrepreneurs.

Depuis la mi-mars, la planète Facebook est plus que jamais sous les feux des projecteurs. La raison ? Le scandale Cambridge Analytica. 

Facebook a reconnu avoir vendu les données personnelles de 86,3 millions d’utilisateurs à la firme Cambridge Analytica, ce qui aurait (notamment) permis d’influer sur le résultat des élections présidentielles aux Etats-Unis. Ceux qui ne se sont toujours pas remis de l’élection de Donald Trump sont (et on peut les comprendre) très en colère contre le réseau social n°1 dans le monde… Une colère qui a donné naissance au mouvement #deletefacebook. Porté par des célébrités, des politiciens et des business men américains influents, ce mouvement protestataire s’est fixé pour mission d’encourager les utilisateurs à fermer leur compte Facebook. Bien qu’extrêmement populaire sur les réseaux sociaux, et en particulier sur Twitter (plus de 40k #deletefacebook sur la seule journée du 20/03/2018), ce mouvement s’est rapidement essoufflé, ne rencontrant pas l’adhésion du grand public.

Alors que Mark Zuckerberg se retrouve au cœur d’une tempête politico-médiatique, on est en droit aujourd’hui de se poser une question : faut-il rester sur Facebook ? En tant qu’utilisateur, je vous laisse le soin de trouver votre propre réponse. Mais en tant que marque, entrepreneur, annonceur, restaurateur… Que faut-il faire ? Devez-vous continuer d’investir Facebook au nom de votre établissement ?

6 bonnes raisons de continuer à utiliser Facebook pour développer la notoriété de votre restaurant

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Une audience colossale

Aucun autre média ne donne accès à une audience aussi large que celle que peut offrir Facebook (à qui sait l’utiliser). A elle-seule, la plateforme cumule près de 2,2 milliards d’utilisateurs, et si l’on ajoute les 1,5 milliards et les 1,3 milliards d’utilisateurs de ses filiales WhatsApp et Messenger, on arrive à un chiffre… qui donne le tournis !

Un outil publicitaire efficace

En plus de son audience, Facebook offre un outil publicitaire très efficace. Avec un coût par clic moyen de 0,33€, Facebook est une bonne option pour les marques désireuses d’acheter du trafic (et une bonne alternative à Adwords).

Un important générateur de trafic

Comme nous le rappelle Manuel Diaz, entrepreneur et pionnier du numérique en France, Facebook génère à lui seul 40% du trafic web global (Combiné à Google = 80% du trafic web global).
D’ailleurs, selon une étude Oxatis/KPMG, 31% des sites e-commerce qui ont recours à Facebook mesurent un impact positif sur leur trafic et leur CA. Pour les acteurs du e-commerce (notamment), Facebook reste un levier d’activité important.

Une forte capacité d’innovation

Investissements dans l’IA, création d’un label « Breaking news » pour les sites d’actualité ou d’un service de rencontres pour célibataires : Facebook a de la suite dans les idées, et a toujours démontré sa capacité à innover, que ce soit au profit des annonceurs ou des utilisateurs. Non seulement Facebook sait innover, mais il sait aussi très bien imiter. Il l’a notamment démontrée en lançant avec succès ses stories sur Instagram, inspirées de Snapchat. En mars dernier, c’est à Tripadvisor, Yelp, et même Google (avec son appli Google Trips) que Facebook s’est « attaqué », en lançant Facebook Local, une application qui permet aux utilisateurs de découvrir de nouveaux lieux et événements près de chez eux. Pour un commerce local comme un restaurant, un bar ou un Foodtruck, Facebook Local est une opportunité marketing… et un argument de plus pour continuer à investir le réseau social.

Facebook occupe une place importante dans nos vies

Même si nous avons tendance à passer moins de temps sur Facebook qu’avant, il reste pour autant LE réseau social n°1 dans nos vies. En moyenne, toutes catégories d’âges confondues, les français passent 13 minutes par jour sur Facebook, contre 7 minutes sur You Tube, 2 minutes sur Snapchat, et 2 minutes sur l’ensemble des autres réseaux sociaux, Twitter compris (source : Médiamétrie)

L’herbe n’est pas forcément plus verte ailleurs

D’abords, les autres réseaux sociaux ne sont pas (non plus) « blancs comme neige » (souvenez-vous de la polémique You Tube avec ses placements de publicités à côté de vidéos incitant à la haine). Ensuite, certains réseaux sociaux montrent des signes de fatigue. Snapchat peine par exemple à dépasser les 200 millions d’utilisateurs (10 fois moins que Facebook). Enfin, suite au scandale Cambridge Analytica, certaines marques et utilisateurs ont déclaré vouloir fermer leur compte Facebook, tout en conservant Instagram et WhatsApp… Or, n’oublions pas, comme nous le rappelle très justement Manuel Diaz, que tout cela « nourrit les mêmes données », les deux réseaux appartenant aussi à Facebook.

Malgré le scandale Cambridge Analytica, Facebook s’en sort (très) bien

Oui, Facebook a perdu beaucoup de plumes dans cette histoire (pour l’heure, 8 milliards d’euros disparus en bourse selon les calculs de Challenge). Mais finalement, le mouvement #deletefacebook a fait plus de bruit que de mal.

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Selon un sondage Business Insider réalisé aux Etats-Unis, 17% des personnes interrogées disent avoir effacé l’application Facebook de leur mobile, et seuls 9% disent avoir fermé leur compte Facebook. Ce sondage met en lumière notre dépendance à Facebook : au fil du temps, il est devenu une sorte d’annuaire mondial, une expression utilisée par Grazia dans son article Faut-il ou non quitter Facebook ? pour montrer à quel point il reste, pour beaucoup, un moyen unique de garder le contact avec des amis d’enfance ou des membres de la famille.

En France, un sondage iFop révèle qu’un français sur quatre aurait envisagé de supprimer son compte Facebook suite à la crise Cambridge Analytica. Mais ils sont finalement peu nombreux à avoir mis cette « menace » à exécution. A ce stade, il est intéressant de se souvenir qu’en 2013, un sondage réalisé en France avait révélé que 34% des personnes sondées envisageaient (déjà) de fermer leur compte Facebook. Et nous voilà cinq ans plus tard, avec les mêmes sondages, les mêmes doutes et les mêmes interrogations !
Concrètement, la planète toute entière continue de passer du temps sur le réseau social. A tort ou à raison ? Là n’est pas la question, en tous cas, ce n’est pas le sujet de cet article. Mais si vous vous posez la question de savoir s’il est encore pertinent pour vous, restaurateur, entrepreneur, marque, annonceur… d’être actif sur Facebook, alors la réponse est simple : vous devez être là où sont vos clients et prospects. S’ils sont sur Facebook, alors vous « devriez » y être aussi !

Adapter votre stratégie Facebook au nouvel algorithme

Suite au scandale Cambridge Analytica et au mouvement #deletefacebook, Facebook a (de nouveau) fait évolué son algorithme, et c’est Mark Zuckerberg lui-même qui l’a annoncé sur son compte Facebook le 12 janvier dernier.


Une tyrade de 553 mots que l’on pourrait résumer ainsi : Facebook veut rendre le temps passé sur Facebook vraiment utile et intéressant (sous-entendu que jusqu’ici, il vous faisait perdre votre temps). C’est pourquoi son algorithme accorde dorénavant plus d’importance aux publications des profils (c’est-à-dire les publications de vos amis, famille et connaissances) qu’aux publications des pages (les publications des marques, entreprises et médias que vous suivez). Cette annonce a fait l’effet d’une bombe auprès des marketeurs et community managers, dans l’obligation de revoir leur stratégie Facebook pour continuer d’être visibles auprès de leurs communautés.

S’adapter au nouvel algorithme Facebook : 4 conseils pour continuer d’être visible sur Facebook

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  1. Ne pas mettre tous vos œufs dans le même panier. Comme Facebook a su se diversifier avec Whats app, Messenger ou Instagram, il est important de ne pas TOUT miser sur un seul réseau social. Si ce n’est pas encore fait, partez explorer les opportunités qu’ont à offrir les autres réseaux sociaux, Instagram, Twitter, Snapchat, ou encore You Tube.
  2. Pour vous faire une place au milieu des publications des amis de vos fans, l’outil publicitaire Facebook est un levier (quasi) incontournable. Pour plus d’informations sur le sujet, retrouvez notre article Comment réaliser une publicité Facebook pour votre restaurant.
  3. L’algorithme Facebook accorde une grande importance aux publications qui génèrent de « réelles » discussions. Pour engager votre communauté dans des échanges à forte valeur ajoutée, vous pouvez créer un groupe de discussion qui sera rattaché à la page de votre établissement. Si vous êtes un restaurant asiatique, vous pouvez par exemple créer un groupe de discussion qui parle de la culture asiatique. Si vous êtes un restaurant végétarien, un groupe axé autour de ce mode de consommation serait idéal. Pour un foodtruck, pourquoi ne pas proposer des échanges sur la street food et les dernières tendances en la matière.
  4. Pour conquérir les millenials, oubliez les techniques de promotion classiques et la publicité. Ce qu’ils cherchent avant tout, c’est de l’authenticité, de la sincérité, de l’engagement et des valeurs. Ils sont aussi très sensibles aux recommandations faites par leurs amis, par leur entourage ou par des micro influenceurs. N’hésitez pas à faire appel à vos clients ambassadeurs ou à mettre en place une stratégie de marketing d’influence pour les approcher… et les séduire.

Cambridge Analytica soulève des questions qui dépassent le simple cadre de Facebook

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Le scandale Cambridge Analytica marque un tournant dans l’histoire de Facebook, mais plus encore, il marque un tournant dans l’histoire du web et des réseaux sociaux en général.

Il est bien normal de s’inquiéter de l’utilisation (abusive) par Facebook de nos données personnelles à des fins politiques, et inquiétant de constater le peu d’intérêt qu’il semble porter au respect de notre vie privée. Mais finalement, n’est-ce pas là le reflet de ce qu’est devenu le web ? N’est-on pas scruté, épié, surveillé… dès lors que l’on surfe sur la toile, que l’on télécharge une application, que l’on interroge Google, que l’on réserve un billet d’avion, ou que l’on commande un plat en ligne pour se faire livrer sur le pas de sa porte ? N’est-ce pas là le risque du jeu auquel nous acceptons de jouer quotidiennement ? Que sait-on vraiment de ce que deviennent nos données personnelles une fois renseignées ici, là ou encore là ? A l’heure où la réglementation sur la protection des données personnelles se renforce en Europe avec la mise en application du RGPD, on est encore malgré tout en droit de se poser la question.

Nombre d’internautes, partisans du mouvement #deletefacebook, ont déclaré vouloir quitter le réseau social… au profit de Twitter ou Instagram. Mais ces « autres » réseaux sociaux sont-ils vraiment plus respectueux de nos données ? L’erreur vient-elle des réseaux qui nous « embrouillent » l’esprit avec des CGU à rallonge (17 000 mots pour les CGU d’Instagram, 86 minutes de temps de lecture) ? Sont-ils seuls responsables des lacunes en matière de protection des données ? N’avons-nous pas une part de responsabilité dans ce chaos, en acceptant notamment de renseigner tout un tas de données personnelles ici ou là sur le web ?

Une étude réalisée en 2014 par des chercheurs à l’université de Stanford et de Cambridge sur 86 000 participants avait permis de démontrer qu’Internet en savait plus sur eux… qu’eux-mêmes ! Plus récemment, une étude menée par Digital Shadows, experte en cybersécurité, a révélé que 1,5 milliards de données personnelles sensibles sont aujourd’hui en accès libre sur les réseaux sociaux (on parle là de dossiers médicaux ou de fiches de paie).
Tout cela dépasse largement le cadre de notre sujet « est-il encore intéressant d’être présent sur Facebook » en tant que marque, entreprise, restaurant,… La question que nous devons nous poser aujourd’hui n’est-elle finalement pas davantage liée à notre confiance aveugle dans le web en général et à notre hyper-dépendance avec ce monde virtuel ?