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Définition du « Food porn »
Si nous nous en tenions au sens littéral des mots « Food » et « Porn », voici ce que nous pourrions retenir :
- Food = nourrriture
- Porn = raccourci du mot « Pornographie » qui est définie comme « Une représentation (sous forme d’écrits, de dessins, de peintures, de photos, de spectacles, etc.) de choses obscènes, sans préoccupation artistique et avec l’intention délibérée de provoquer l’excitation sexuelle du public auquel elles sont destinées. » (source Lexicographie)
Origines et symboliques du food porn
Le « food porn » est un phénomène croissant qui désigne le fait, pour un « foodie » (amateur de bonne cuisine) de photographier sa nourriture puis de partager ses photos avec ses amis, fans et followers sur les réseaux sociaux. Mais quelle est l’origine de ce terme très évocateur ? Il est intéressant de savoir qu’il puise sa source dans différentes origines, plus anciennes que l’apparition même des réseaux sociaux.
- En 1977, le NY Review of Books rédige un compte rendu sur un livre de cuisine de Paul Bocuse et utilise alors le terme « gastroporn ». Selon Urban Dictionary, GastroPorn désigne un livre ou un magazine contenant des images de nourriture alléchante provoquant deux effets simultanés : d’abord l’envie profonde de s’écrier « Oh Oui, j’en veux encore !! », suivi d’un sentiment de culpabilité en raison de cette accumulation d’images dégoulinantes de gourmandise.
- Puis en 1984, Rosalind Coward, auteur et journaliste, utilise le terme « food pornography » pour la première fois dans son ouvrage « Female Desire ». Ce terme symbolise, pour elle, la façon dont les magazines et revues féminines « mettent en valeur la nourriture grâce à des photos magnifiquement éclairées et très retouchées ». Selon elle, ces images ont pour effet de provoquer un sentiment de plaisir interdit rappelant une autre forme de plaisir tout aussi plaisant mais culpabilisant : celui provoqué par la pornographie.
- Enfin, dans les années 80 et 90, il était fréquent de voir des spots publicitaires vantant les mérites d’un chocolat, d’un café ou d’un simple sandwich d’une façon très esthétique, où chaque ingrédient était filmé dans des détails révélant courbes, formes et textures de manière quasi-érotique. Souvenez-vous par exemple des publicités pour le fromage Caprice des Dieux, pour le chocolat Nestlé « Nestlé, c’est fort en chocolat » ou encore pour la marque de jus de fruits Joker mettant en scène une femme dénudée au bord d’une piscine…
On dit souvent que nous sommes ce que nous mangeons…
Peut-être sommes-nous désormais aussi un peu ce que nous montrons ?
Montrer ce que nous mangeons, une marque, un aliment ou le lieu où nous mangeons, est une façon de se mettre en scène et de se raconter soi-même. Ce phénomène a été amplifié par l’apparition des réseaux sociaux comme Facebook, Instagram ou Pinterest (où l’image est reine) et par l’arrivée de nouvelles technologies toujours plus performantes. Certains appareils photo numériques proposent par exemple des réglages spécifiques pour la nourriture, permettant d’obtenir des clichés toujours plus vivaces, colorés et détaillés.
Ainsi, on peut maintenant immortaliser une giclure de sauce, une courbe sensuelle de tomate ou encore un dégoulinement de chocolat… Aujourd’hui, le plaisir visuel est tout aussi important que le plaisir gustatif lui-même, et c’est justement ce sur quoi repose le food porn.
Le plaisir visuel de regarder une photo de burger devient désormais quasi-physique, provoquant jusqu’à l’excitation, l’envie ou la fascination. Comme pour la pornographie, l’excitation vient de l’image. Plus la photo sera capable de faire saliver et d’éveiller les sens, plus elle sera partagée et likée sur les réseaux sociaux.
Selon un journaliste américain, le terme « porn » dans l’expression vient davantage du fait que les aliments ainsi photographiés sont tout aussi irréalistes que les images dites pornographiques. Les aliments sont starifiés, exagérés, magnifiés, mais aussi sublimés par les filtres comme Instagram.
Aujourd’hui, la valeur d’un plat est accrue en fonction du nombre de likes, de commentaires ou de partages reçus (et malheureusement pas en fonction de la recette ou des techniques utilisées par le chef qui a passé du temps à concocter et mitonner le plat…). Ainsi, le #FoodPorn sur Twitter est identifié presque 25 millions de fois, et les références sur Google croissent de 50 millions tous les 2 mois !
Le food porn est donc plus qu’un phénomène culinaire, c’est un véritable phénomène sociétal.
Certains restaurateurs sont toutefois las de voir leurs clients photographier leurs plats, et une faible minorité a même interdit les photos dans leur établissement. On peut en effet comprendre que les clients très accrocs au food porn soient une source de frustration pour le chef (certains clients sont tellement concentrés sur le partage de l’information sur les réseaux qu’ils en oublient de profiter du plaisir gustatif et visuel pour lequel le chef se démène en cuisine)… Mais on retiendra essentiellement que le food porn est une formidable opportunité commerciale et marketing pour les restaurants, car les clients deviennent ambassadeurs du restaurant.
A Londres, le restaurant éphémère « The picture house » a profité du phénomène en proposant aux clients de payer l’addition non pas avec de l’argent, mais avec une photo ! Il leur était en effet proposé de prendre leur plat en photo et de la publier sur Instagram avec le #BirdsEyeInspiration (la marque du fournisseur des plats de ce restaurant éphémère, monté pour une opération de promotion). C’est une nouvelle forme de communication et elle a rencontré un vif succès.
Et vous, avez-vous prévu de surfer sur la tendance et le phénomène food porn dans votre établissement ?
Commentaires
Amateur sensé
Bjr, du n’importe quoi, encore une fois !
Je photographie mes plats à la maison ou au resto, quel rapport avec ce dégueulis de concepts de journaleux ?
Et s’il m’arrive de publier photos et commentaires laudatifs sur TripAdvisor c’est pour vanter l’excellence du restaurant qui mérite qu’on y aille.
Si des grands chefs se réservent l’exclusivité de leurs dressages et recettes alors il faut respecter le droit et leur volonté, mais c’est le fait d’une minorité.
Les ravages de la police de la pensée, et maintenant de la critique des moindres faits et gestes de la vie quotidienne ?! Vous n’avez pas fini, alors !
Vraiment sensé ?
@Amateur je n’ai rien compris à votre commentaire… Merci à la journaliste pour cet article intelligent et bien documenté
Chouchou
Ce journaliste, dans cet article extrêmement intéressant, met juste en lumière un nouveau phénomène de société qui est apparu avec le numérique et les médias : le fait est que, aujourd’hui, des personnes (pas vous particulierement , vous pouvez continuer a prendre votre nourriture en photo tranquillou), des professionnels de la photo même, font de la nourriture photographiée ou filmée un objet d’érotisme culinaire et de désir. Simplement. Ne comparez pas vos photos amateurs de riz cantonnais à une publicité pour du chocolat qui révèle les rondeurs, les courbes, les couleurs, la sensualité d’un chocolat qui coule. Cet article n’est en aucun cas une critique, vous pouvez ranger les armes et lire calmement cet article merveilleux.
Le fait est que, aussi, le visuel dans notre société a pris une place prépondérante voire même étouffante. Comme la pornographie est le visuel du sexe intime, le food « porn » est le visuel de la nourriture. C’est tout. Ce ne sont que des mots pour décrire un phénomène. Ne croyez pas que le « porn » signifie que nous sommes tous des obsédés sexuels de la nourriture.
Bref, très très bel article, très bien écrit, qui explique parfaitement des nouveaux phénomènes, sans dénigrer quoi que ce soit.
A bon entendeur, salut.
tarmak
Encore un mot valise. C’est à la mode. Quant à l’article il est peut être bien écrit certes mais il n’y a vraiment pas de quoi se tripoter la nouille.
Poire
Mi-figue mi-raisin.
Pat
Comme toujours, beaucoup de bruit pour pas grand chose!
Quand reviendrons-nous aux choses essentielles?
Ah, société de consommation, quand tu nous tiens.
Lekidelasvegas
Le Food Porn, c’est quoi ?
Tel est le sujet, alors je vous en prie, je ne réagissez pas comme des photos à dictature émotionnelle. Quand je vois tout ce que l’on fait de la nourriture et son gâchis, je pense que cet article à toute sa place dans le débat.
De plus, il faut ajouter que les gens mangent n’importe quoi aujourd’hui et ne connaissent pas la saveur des vrais produits. Alors s’il vous plait, rangez votre mauvaise foi.