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Géraldine Malet

Géraldine puts her passion for the web, marketing and communication, writing and storytelling at the service of companies and entrepreneurs.

Imaginé par les salariés GreenFlex, Imago est un restaurant engagé. Comment cet engagement se traduit-il au quotidien ?

D’abord, par les méthodes de sourcing de nos produits, au travers desquelles nous valorisons la qualité, la traçabilité, et l’engagement pour des agricultures locales, bios et/ou raisonnées.

Ensuite, par l’aménagement même du restaurant. Le travail sur le bois, très présent chez Imago, a été réalisé par Chêne Décors, une entreprise qui design et fabrique des meubles à partir de bois labellisé issu de ses propres forêts. En accord avec l’architecte, nous avons également pensé aux différentes manières dont nous pouvions minimiser l’impact sur l’environnement, avec par exemple un éclairage 100% LED.

Restaurant éco conçu

Enfin, nous avons mené une réflexion sur la manière dont nous pouvions valoriser l’agriculture urbaine et locale à laquelle nous sommes très attachés. Nous avons fait appel à la boite à champignons, une startup à la démarche sociale et solidaire, avec laquelle nous avons conçu un espace au sous-sol où les champignons que nous utilisons dans nos recettes poussent dans du marc de café collecté sur Paris et recyclé. Pour aller dans le sens de la transparence, nous avons aussi tenu à placer un mur à agriculture dans la salle du restaurant, où les clients peuvent voir les champignons pousser.

Finalement, au travers d’Imago, les salariés GreenFlex ont l’opportunité de mettre en pratique tous les conseils qu’ils diffusent et prodiguent quotidiennement à leurs clients.

De quelle manière les salariés GreenFlex sont-ils encore aujourd’hui impliqués dans l’aventure ?

Nous avons créé 3 groupes de travail au sein de GreenFlex. Le premier, dédié « innovation », a notamment pour mission de détecter les startups les plus innovantes sur les secteurs de la permaculture, de l’agriculture urbaine et solidaire. Le deuxième groupe travaille sur le sourcing des produits, afin d’imaginer de nouvelles façons de nous sourcer (nous rêvons par exemple d’avoir notre propre ferme aux portes de Paris); et enfin, le troisième et dernier groupe se dédie à l’animation du restaurant, en lien notamment avec les startups que nous dénichons.
Les collaborateurs GreenFlex sont aussi un atout précieux pour moi : je les sollicite régulièrement dans le cadre d’enquête de satisfaction. Imago est un peu leur bébé à tous, du coup, ils font preuve d’une grande honnêteté sur les points d’amélioration qu’ils ont identifiés.

Qu’évoque le nom Imago ?

Imago est le nom que l’on donne au mécanisme de transformation de la chenille en papillon. Une image chère à Frédéric Rodriguez, notre président, et qui représente bien sa vision de GreenFlex, et même plus, sa vision du monde.
Avant de se transformer, la chenille se nourrit en effet de 400 fois son poids, et alors qu’on pourrait penser qu’à ce rythme, elle « va droit au mur », la magie opère : ses cellules imaginales se connectent entre elles pour l’aider à devenir un joli papillon, prêt à déployer ses ailes et à voler vers de nouveaux horizons.
A l’image de la chenille, on peut penser aujourd’hui que le monde va droit au mur… pourtant, en travaillant ensemble et en s’impliquant dans une démarche sociétale et environnementale, nous avons les moyens d’emmener la planète vers un autre horizon que celui de la pollution, de la sur consommation,… C’est cette métaphore qu’a voulu retranscrire notre président au travers du nom Imago.

Imago, c’est aussi le stade de développement des ailes chez certains insectes. Peut-on dire que le restaurant a donné des ailes à GreenFlex ?

D’une certaine manière, oui ! Même si nous ne l’avons pas conçu pour cette raison-là, Imago est devenu un formidable outil de communication pour la société. Indirectement, le restaurant contribue à mieux nous faire connaitre, et à véhiculer notre mission, nos valeurs et notre philosophie de travail. Et puis quelque part, il a aussi « donné des ailes » aux salariés GreenFlex. Imago est le fruit de leur imagination, une idée née à l’occasion d’un séminaire d’appel à idées ; le fait de le voir se concrétiser envoie un message fort à tous les collaborateurs : « chez GreenFlex, les idées sont entendues et écoutées ».

imago resto greenflex

Les français ont-ils envie de consommer davantage responsable, et sont-ils prêts à faire les concessions que cela implique ?

Oui complètement. Je passe mon temps entre la capitale et la province et je vois bien que cette tendance n’est pas propre aux « bobos parisiens » ou à la génération des millenials comme on pourrait le croire. De plus en plus de français ont envie de se rapprocher des producteurs, de savoir d’où viennent les produits qu’ils consomment, et beaucoup sont prêts à payer plus pour mieux manger.

Par quels leviers vous faites-vous connaitre ?

Depuis notre ouverture, nous avons fait l’objet de nombreux articles de presse, ce qui nous a aidé à nous faire connaitre. Nous utilisons aussi beaucoup les réseaux sociaux, en particulier Facebook et Instagram, grâce auxquels nous entretenons le bouche à oreille.
Notre principal challenge est de réussir à faire venir notre cœur de cible jusqu’à nous. Les parisiens en quête d’une nourriture bio, « healthy » et locale fréquentent peu les établissements des grands boulevards où nous sommes implantés, davantage orientés vers une clientèle de passage comme le Hard Rock ou l’Indiana Café. A ces pubs standardisés, ils préfèrent des lieux plus intimistes, plus transparents et plus authentiques, où les rencontres et les échanges sont faciles. Une ambiance et des valeurs qu’ils peuvent trouver chez Imago Resto : charge à nous de le leur faire savoir, grâce notamment à notre communication sur les réseaux sociaux.

Comment fidélisez-vous votre clientèle ?

Par la qualité de nos produits et notre politique de prix d’abord. Ils apprécient par exemple de pouvoir déguster une bonne pinte de bière bio à 5,50€ seulement.

Aussi, nous ouvrons à 9h en semaine et jusqu’à 23h le soir (et le weekend, « sur privatisation » seulement). Au fil de la journée, nous faisons évoluer l’offre et l’ambiance, ce qui nous permet de répondre à toutes les envies. Le midi, nous proposons une nourriture « fast good » : des bols et des sandwichs préparés à partir de produits frais et de saison que les gens peuvent manger en 20 minutes s’ils le souhaitent.

Cuisine bio et végétale paris

Le soir, Imago se transforme en bar à vins, avec une offre de tapas et de planches apéritives à partager entre amis ou entre collègues dans une ambiance chaleureuse et conviviale.

apéro imago restaurant boulevard montmartre

Le matin, les clients peuvent venir petit-déjeuner, et enfin, tout au long de la journée, nous avons une offre de cafés bio et équitables, dans l’esprit « coffee shop ». Cette grande amplitude horaire nous permet de faire varier les plaisirs, pour répondre à toutes les envies.

Enfin, nous organisons des événements où nous donnons la parole à celles et ceux qui, par leurs entreprises et leurs actions, ont envie de faire bouger les choses.

Quelques exemples ?

En partenariat avec la plateforme de crowdfunding Miimosa, nous avons invité une ferme urbaine et éphémère, ainsi qu’une ferme en permaculture. Cette rencontre a été l’occasion pour elles d’échanger sur la manière dont ce genre d’agriculture, pour l’instant « épiphénomènes », peuvent évoluer pour répondre à une demande croissante.

privatisation restaurant boulevard montmartre

Nous aimons aussi donner de la visibilité à des startups qui, à leur échelle, contribuent à repenser l’alimentation de demain. En mars dernier, nous avons ainsi prêté notre terrasse à Jubiles, une startup qui propose des jus de légumes et de fruits bios et solidaires ; l’occasion pour Antoine Martin et François Verdier, les créateurs, de rencontrer leur public et de tester leurs messages.

startup jubiles

Enfin, nous avons fait le choix d’être point relais pour Peligourmet, une startup qui propose un service de co voiturage de produits régionaux. Lorsqu’un parisien part en weekend en Normandie ou à Marseille, il ramène les produits que les internautes lui ont commandés : fromage, pommes, huile d’olive, vin… Les créateurs de Peligourmet ont souhaité organisé un temps de rencontre et d’échange chez Imago, l’occasion de réunir leur communauté et de créer des liens.

L’expression artistique est très présente chez Imago. Pourquoi avoir donné une telle place à l’art ?

Notre président est très attaché à l’expression artistique. Chez GreenFlex, nous avons d’ailleurs une collection d’art que l’on appelle art et développement durable. C’est donc très naturellement que nous avons donné cette place à l’art dans notre restaurant. En face de notre mur à agriculture, où poussent les champignons, nous avons imaginé un mur à culture, un espace où nous valorisons des artistes qui parlent des sujets dont nous nous sentons proches. Actuellement, les clients peuvent découvrir la création de Joachim Romain, un artiste résident du 6B, ce collectif d’artistes de Seine-Saint-Denis que nous apprécions tout particulièrement.

joachim romain imago resto

Au départ, nous avions la volonté de renouveler ce mur tous les 3 mois, mais cela nécessite un travail de sourcing très important. Et puis cette œuvre fait aujourd’hui partie de l’identité des lieux… Nous pensons donc faire évoluer le mur une à deux fois par an seulement. Pour cela, nous faisons appel aux envies des artistes : avis à ceux et celles qui souhaiteraient s’exprimer chez Imago !

Quelle suite souhaitez-vous donner à cette aventure humaine, solidaire et écologique ?

Nous aimerions pouvoir dupliquer le modèle, tout en le faisant évoluer un peu ; mais pour développer la marque, sur Paris ou ailleurs en province, nous attendons le coup de cœur, le lieu et l’emplacement idéal… On nous a également proposé différents partenariats, que nous étudions. Et puis, bien sûr, nous souhaitons continuer à développer le restaurant Boulevard Montmartre, pour aller toujours plus dans le sens de la création de liens et de la métamorphose positive de notre monde : en commençant par les produits que nous mettons dans l’assiette et la manière dont nous pouvons les sourcer, les transformer et les sublimer !